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La Prof à la Licorne
30 décembre 2009

beauté, luxe, calme et volupté... version Zola !!!

280px_NanaZolaet c'est là que ça devient rock'n'roll !

En quelques mots...

Nana est en fait Anna Coupeau, fille de Gervaise, la blanchisseuse et de Coupeau l'ouvrier. Elle débute dans le rôle de Venus, dans une opérette à la qualité douteuse. Dépourvue de tous les talents nécessaires à cet exercice, elle envoûte pourtant la salle de ses déhanchés provocants. Les hommes perdent la tête et Nana se fait un malin plaisir de se servir d'eux, leur ôtant leur fortune et leur dignité. L'un après l'autre, elle les épuise, du jeune homme à peine pubère au comte dévôt et chaste. Seul Fontan, un autre acteur sait faire naître en elle un sentiment qu'elle croit être de l'amour. Celui-ci finit par la maltraiter et la jeter à la rue. Nana n'est plus rien et trouve refuge dans sa relation physique avec Satin, une autre courtisane.

  Quelque temps plus tard, Nana retrouve les sommets de la gloire et obtient sa consécration lors d'une course hippique où la pouliche qui porte son nom gagne le prix. Plus rien alors ne bride son avidité, sa soif de luxe, de dépenses, d'argent, de sexe, et ses amants défilent devant les yeux ébahis du comte Muffat, celui qui l'entretient, qui lui a donné tout son honneur, n'attendant d'elle en échange que sa fidélité.

   Nana sème la faillite et la mort autour d'elle. Tout devient démesure, et comme toujours l'hybris est puni. Après un séjour en Russie semble-t-il, Nana revient, mais c'est une Venus pervertie, toute vérolée qui retrouve Paris et qui meurt,ne laissant qu'une charogne, à l'image de la décadence du Second Empire en passe lui aussi de s'éteindre.

   Dans cette oeuvre, la misère vient du peuple et c'est du peuple qu'est issue la gangrène qui a attaqué la société mondaine et corrompue dépeinte par Zola.


Et alors ?

Nana, Nana, Nana, Nana.... Comme une obsession, ce nom bourdonne au creux de l'oreille, traverse l'espace de l'esprit jusqu'à l'envahir, pleinement, insidieusement, puis pesamment. Et grandit alors le mythe...

Monstre mythologique, femme-gouffre, allégorie de ce sexe féminin vorace qui engloutit les hommes.

Roman de la misogynie ambiante qui habitait l'époque, débauche vertigineuse, culte du lupanar d'où, magistrale, surgit la décrépitude.

nanaFable à dimension biblique où le péché reçoit son châtiment après s'être vu ériger un autel, à l'image de ce lit de démesure, temple destiné à recevoir la déesse de la luxure, NANA...

   Et pourtant, jamais on ne perd de vue que Nana est une pouliche à la crinière jaunâtre, une bête, une femelle, une animale qui ôte à la sexualité sa sensualité et son raffinement pour précipiter avec elle, telle le joueur de flûte de Hamelin, tout un monde corrompu vers la déchéance.   

 

Nana, Edouard Manet, 1877.

Loin de moi l'idée de reprendre les différentes études universitaires sur la question, fort nombreuses au demeurant; -chef d'oeuvre de la littérature et programme d'agreg obligent, je ne choisis donc de ne partager, modestement, que quelques réflexions surgies au cours de la lecture.

  Et je ne peux me priver d'un de ces passages à la saveur acide, comme Zola sait si bien nous les servir :

"Et, lâchant la chemise, attendant que Muffat eût fini sa lecture, elle resta nue. Muffat lisait lentement. La chronique de Fauchery, intitulée La Mouche d'Or, était l'histoire d'une fille, née de quatre ou cinq générations d'ivrognes, le sang gâté par une longue hérédité de misère et de boisson, qui se transformait chez elle en un détraquement nerveux de son sexe de femme. Elle avait poussé dans un faubourg, sur le pavé parisien ; et, grande, belle, de chair superbe ainsi qu'une plante de plein fumier, elle vengeait les gueux et les abandonnés dont elle était le produit. Avec elle, la pourriture qu'on laissait fermenter dans le peuple, remontait et pourrisait l'aristocratie. Elle devenait une force de la nature, un ferment de destruction, sans le vouloir elle-même, corrompant et désorganisant Paris entre ses cuisses de neige, le faisant tourner comme des femmes, chaque mois, font tourner le lait. Et c'était à la fin de l'article que se trouvait la mouche, une mouche couleur de soleil, envolée de l'ordure, une mouche qui prenait la mort sur les charognes tolérées le long des chemins, et qui, bourdonnante, dansante, jetant un éclat de pierreries, empoisonnait les hommes rien qu'à se poser sur eux, dans les palais où elle entrait par les fenêtres"

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Commentaires
V
Il y a longtemps, j'ai lu tout Zola, j'en garde un très bon souvenir... J'en relirai peut-être un cette année dans le cadre du défi des classiques...
L
Un bien joli billet qui donne envie de reprendre ce classique ! :D
D
J'aime beaucoup ton article, OLI, et son style. Tu sais y rendre l'esprit de ce roman envoûtant. Comme toi, j'adore Zola dont l'oeuvre laisse un souvenir impérissable...<br /> Bises de dan.
G
Et voilà ! J'ai envie de le relire !!
La Prof à la Licorne
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